toi prudemment, à-celle-fin de ne te pas faire d’ennemis : prens les conſeils du bon p. D’Arras. Urſule eſt diſcrette ; elle ne m’a-rién-dit à moi-même, parcequ’elle ne ſe doute pas que je ſuis au-fait ; ét quant à nos autres Frères-ét-Sœurs, ils ignorent tout. Je t’embraſſe d’un cœur veritablement fraternel, ét desire que tu ſais biéntôt avec nous ; ſi-pourtant c’eſt ton vouloir.
1 novembr.
Non, chèr Aîné, je ne jouirai plus du bonheur
de vivre à la campagne : le ſort en-eſt-jeté ;
J’aime toutalafois la Ville, ét je la deteſte :
mais… je ſens que je ne puis la quitter ;…
c’eſt une chose impoſſible, à-present,
ét j’y-ſuis pour toujours. En-efet, m’y-voila
retenu par mille liéns, tous ſi-forts, que rién
ne peut les rompre. Si je cherche la cause
de mon goût pour la Ville, je la trouve dans
la politeſſe, plus-agreable que la cordialité ;
dans la grâce des manières ; nos Elegans-de-campagne
ne ſont ici que ridicules : il resulte
delà, qu’on ſ’accoutume inſenſiblement à ſe-mettre-audeſſus
d’eux : il y-a-plûs, un Homme
de Ville qui aura-ſejourné quelque temps au
Village, ſemble, à ſon retour, reconnaitre
cette ſuperiorité des Citadins ; il paraît plus-timide,
moins-aſſuré, juſqu’à ce qu’il ſe-ſait-remis
au-courant. De-là, cette invincible