25 octobre.
Voila notre Famille de-retour, mon Edmond :
mais nous ſommes d’un troublement
ét d’un embarras que nous ne ſavons quasi cacher :
car tout le monde ſ’en-va nous demandant,
Si tu es-marié ; ét à nos Sœurs ét à
Fanchon, Si elles ont-bién-danſé à la noce !
Et on repond comme on peut. Il vaut-pourtant-mieus
encore que ça ſoit comme ça,
qu’à dire que tu ſoyes-attrapé ſi-vilainement.
Et ne m’en-crais plus quand je te dirai quelque-chose :
il falait louer ce que j’ai-blámé,
ét blâmer ce que j’ai-loué. Nos Père ét
Mére ſont dans le chagrin ; ét ſi tu le veus,
je vois le moment où ils ſeraient tout-prêts à
changer d’idée, ét à te reprendre chés nous :
je n’attens que ta Reponſe pour leur en-parler.
Pour-à-l’égard d’Urſule, ils ne veulent plus
qu’elle retourne à la Ville ; ét il faut que
m.me Parangon l’aye-deja-bién-gâgnée, car
elle ne paraît pas contente, ét je ne ſaurais
craire que la Ville lui aye-plu en-deux-jours :
aureſte, il ne faudrait jurer de rién ;
ſuivant le peu que j’en-ai-vu, les Villes ſont
le pays des Fammes, ét c’eſt, comme disait
unjour msire Antoine-Foudriat notre Curé,
l’élement qu’il leur faut ; quand une-fois elles
en-ont-tâté, ét qu’on les en-retire, c’eſt
comme le poiſſon qu’on jeterait hors du vivier.
Pour revenir à toi, mon Edmond, comporte--