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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/177

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32.me) (Pierre, à Edmond.

[Les Fammes aiment la Ville.]

1750.
25 octobre.


Voila notre Famille de-retour, mon Edmond : mais nous ſommes d’un troublement ét d’un embarras que nous ne ſavons quasi cacher : car tout le monde ſ’en-va nous demandant, Si tu es-marié ; ét à nos Sœurs ét à Fanchon, Si elles ont-bién-danſé à la noce ! Et on repond comme on peut. Il vaut-pourtant-mieus encore que ça ſoit comme ça, qu’à dire que tu ſoyes-attrapé ſi-vilainement. Et ne m’en-crais plus quand je te dirai quelque-chose : il falait louer ce que j’ai-blámé, ét blâmer ce que j’ai-loué. Nos Père ét Mére ſont dans le chagrin ; ét ſi tu le veus, je vois le moment où ils ſeraient tout-prêts à changer d’idée, ét à te reprendre chés nous : je n’attens que ta Reponſe pour leur en-parler. Pour-à-l’égard d’Urſule, ils ne veulent plus qu’elle retourne à la Ville ; ét il faut que m.me Parangon l’aye-deja-bién-gâgnée, car elle ne paraît pas contente, ét je ne ſaurais craire que la Ville lui aye-plu en-deux-jours : aureſte, il ne faudrait jurer de rién ; ſuivant le peu que j’en-ai-vu, les Villes ſont le pays des Fammes, ét c’eſt, comme disait unjour msire Antoine-Foudriat notre Curé, l’élement qu’il leur faut ; quand une-fois elles en-ont-tâté, ét qu’on les en-retire, c’eſt comme le poiſſon qu’on jeterait hors du vivier. Pour revenir à toi, mon Edmond, comporte--