Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/184

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le remords dechire !) cet Ecrit que je te donne, que je ſigne, où je vais m’avouer coupable ; que ma Mere ét ma Sœur ont-ſigné comme moi, ſerait, ou ton aſſurance contre des rechutes, que tu peus regarder comme impoſſibles, ou le titre certain de-ta vengeance, ſi je te donnais à-l’avenir des ſujets-de-plainte. Je te permets de le deposer entre les mains de Celui de tes Frères en-qui l’on dit que tu as toute confiance ; cacheté cependant, afin que je ne rougiſſe qu’à tes ïeus. Ô mon chèr Amant ! ne me-hais pas ; je ſuis a tes genous comme une Criminelle ; qui attend ſa ſentence ; ou ſon abſolution. Laiſſe-toi flechir aux pleurs que je repans… Si je ne t’avais-pas-uniquement-aimé ; ſi ma tendreſſe pour toi ne me-fesait pas te preferer à mon bonheur même, ton Amante aurait-pu ſe-resoudre peutêtre à chercher à te tromper. Mais elle ne peut vivre ſans toi ; Un-autre qui lui offrirait ſa main, ne lui inſpirerait que de l’éloignement. C’eſt toi-ſeul qu’elle veut, ou la mort. Aye pitié de ſon deseſpoir… Un-autre… ó douleur ! ô ſource intariſſable de larmes !… Mais on n’a-pas-eu les premices de ſon cœur ; que l’Amant qu’elle adore daigne l’en-craire, tout indigne qu’elle en-eſt !

Prête à m’unir à l’Homme que j’aimerai toujours, ma conſcience m’oblige, malgre l’avis de mes Proches, à lui decouvrir, qu’on a-triomfé de ma vertu, ét que Je porte actuellement les marques de mon crime… Mais, ſ’il eſt-aſſés-genereus pour me le par-