Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/185

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donner, j’eſpère faire en ſorte qu’un-jour il ait-lieu de ſ’en-feliciter : je l’adore, il le ſait ; les devoirs ordinaires d’une Famme, ne feraient pour moi qu’une recompenſe ; je veus les étendre audelà des bornes preſcrites, ét m’imposer une dependance qui me-puniſſe ét le dedommage. Ma Mère ét moi, nous voulons que cet Écrit étende ſes droits, ét qu’il lui donne ſur ma perſone une autorité ſans mesures qu’il ſoit le maître, dès qu’il le voudra, ét ſans autre motif que ſa volonté, de m’obliger à vivre ſoit à la campagne, dans ma ferme d’Etivé, ſoit dans un Couvent, en-payant une penſion, la plus-modique qu’il ſe-pourra, ſur mon bién, que nous lui abandonnons en-toute propriété. Mais ſ’il a l’indulgence de me-permettre de l’aimer, jamais il ne ſe-verra d’Amante plus-tendre, plus-fidelle, plus-ſoigneuse de lui plaire, ni d’Épouse plus-prompte à-prevenir ſes moindres desirs. Je le ſupplie de regarder comme la premiére marque de mon devouement, cet Écrit que je lui remets. Fait à Au★★, ce 22 octobre 17**.

(ſigné de la Mère ét des deux Sœurs.)

P.ſ. J’attens apresent mon fort, chèr Edmónd : prononcez : mais, ſans rigueur !

Auſſitôt que j’ai-eu-achevé de lire, elle eſt-venue dans mes bras ; elle m’a-preſſé dans les ſiéns : je ne ſavais où j’en-étais : elle ne parlait pas ; mais elle pleurait ; je pleurais auſſi plus-touché de ſa douleur, qu’irrité de ſes torts. Je lui ai-dit enfin : — Mademoiselle,