Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/188

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que je te-dois la vie ! Viéns mon Epous -! Nous-nous-ſommes-rendus auprès de m.me Paleſtine : là, differentes queſtions que l’on m’a-faites, n’ont-plus-permis de douter, que je ne fuſſe-informé de tout, avant que Manon m’eût-rién-avoué. M.me Paleſtine ét ſes deux Filles ſe-ſont-regardées quelque-temps en-ſilence ; enſuite m.me Paleſtine m’adreffant la parole, m’a-dit : — Conſentiriez-vous que dès ce moment on alát à l’autel, ſ’il était-poſſible ? — Tout ce que vous voudrez, (ai-je-repondu) : je ne ſais pas ſi je ſerai-heureus, mais elle m’a-dit qu’elle le ſerait, ét c’eſt-aſſés-. Les remercimens de Manon ont-été-ſi-tendres, qu’ils m’affermiſſaient dans ma resolution. M.r Parangon ſ’eſt-fait-entendre ; Manon a-prié ſa Mère de nous garantir de ſa vue. Tout a-été-biéntôt-prêt. Le p. D’Arras a-fait les demarches, avec moi ; il a-obtenu l’avancement neceſſaire ; le p. Gardién devait nous donner la benediction, en-presence du Curé ; tout alait ſe-terminer : je ſouhaitais alors que Celui qui venait de ta part chercher nos Père ét Mère n’arrivát pas. Mais nos demarches ét les apprêts avaient-conſumé du temps ; il était près de onze-heures : ma Mère ét mes Sœurs étaient auprès de ma Pretendue ; l’on avait-envoyé avertir la Famille, que des raisons imprevues obligeaient de precipiter les choses, quand un jeune Inconnu ſ’étant-gliſſé juſqu’à Fanchon, l’a-priée de m’avertir, dans le plus-grand ſecret, qu’on voulait me-parler. Je fuis