Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/189

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deſcendu, ſans qu’on me-vît ; je m’attendais à trouver Tiénnette, ét j’étais-bién-determiné ſur ce que j’avaisà lui dire ; mais ce n’était pas elle. — Que faites-vous, m’a-t-on-dit ! alez-vous achever de vous perdre ? Quoi ! l’on vous marie, malgré ce que vous ſavez -? Au ſon de ſa voix, j’ai-reconnu m.me Parangon. — Oh ! madame, c’eſt vous ! me-fuis-je-écrié, — Suivez-moi, a-t-elle-continué ; venez-m’expliquer cet inconcevable miſtère : vous épousez Manon ! Je ſuis-plus-aimé qu’elle n’eſt coupable : ah ! ſi vous la connaiſſiez ! — Que trop ! — Elle veut être votre amie ; ne jamais revoir votre Epous. — Et elle a-pu vous ſeduire ! — Si c’en-eſt une, Madame, laiſſez-moi mon erreur ; elle m’eſt-chère ; j’aime votre Cousine. — La jeuneſſe ét le desir vous abusent ; ét vous crayez-aimer : voila, Jeunehomme, ét vous pouvez m’en-craire, comme preſque tout le monde ſe-prend, ét ſ’en-repent le lendemain : on ſ’eſt-vu ; on ſ’eſt-plu ; l’on crait ſe-convenir ; on prend le desir du moment pour un ſentiment durable ; on ſe-marie : on ne tarde pas à ſ’apercevoir qu’on ſ’était-trompé ; on en-gemit ; mais il eſt trop-tard. Tremblez au ſeul nom du mariage ; fremiſſez en-ſongeant quelle eſt Celle que vous alez vous donner pour Compagne !… Parlez, l’eſtimerez-vous ? — Je l’aime ; c’eſt plûs qu’eſtimer. — Vous me-faites-pitié ! c’eſt mille-fois moins. — Madame, l’amour renferme tous les ſentimens honnêtes, obligeans… — Hé-oui, l’amour