Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/227

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manda ce qu’elle auoit, et qu’il luj predit qu’elle aurait un Fils, lequel fut le ſainct Prophète Samuel. Je vous ſouhaite la méme benediction, madame ; vous priant d’agreer la prière que ie vous ose faire, de nous honorer de voſtre presence aux nopces de mon Fils aiſné, qu’auec la grace de Dieu nous alons marier ces iours icj : Accordez nous cette faueur, madame, et croijez que voſtre honorable aſſiſtance doublera noſtre ioije. C’eſt une Fille bonne ét honneſte qu’eſpouſe mon Pierre ; elle eſt d’aduenante et gracieuſe figure, et d’humeur encore plus gracieuſe, et telle que je me repreſente que eſtoit Rebecca, alorſque Eliezer l’amena pour eſpoufſer le ieune Iſaac, fils du Patriarche Abraham ſon maître ; et ie l’aime, et cheris, et même revere, veu que elle eſt la Fille du Fils de mon ſecond Père, l’honorable Chriſtophe-Berthier, Recteur d’Eſcole de Nitrj dans ma ieuneſſe, et auquel ie doibs, après Dieu et mon digne Pêre, le peu que ie vaux ? Quant à vous, madame, nous vous verrons icj comme le fleuron le plus beau de la couronne que portera la Mariée, et telle que la Sunamite du Cantique des Cantiques, que chantoit le grand Roi Salomon, Ma Femme vous preſente ſes tres finceres reſpects, vous ſuppliant d’exaucer noſtre ſupplication. Ét moj finiſſant, I’ai l’honneur d’eſtre, avec une parfaitement reſpectueuſe recognoiſfſance de vos precieuſes bontés, Madame,

Voſtre tres humble
et tres obeiſſant ſerviteur E. Rameau.