Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce que Michol fille du Roi Saül fut pour Dauid, laquelle le deſcendit par la feneſtre dans une corbeille, à-celle-fin de le ſouſtraihre à ſes Ennemis : C’eſt donc pour quoi, Madame, ie remets en voſtre bonne garde, et ſoubs voſtre protection le Frere et la Sœur, comine le ſainct homme Tobie remit ſon Fils à l’Ange qui le debuait conduire chez Ragüel, où il le preserua des embuſches du Demon, et luj fit espouſer une Femme vertueuſe ; vous priant d’eſtre enuers eulx comme Debora à l’endroit de Balac qu’elle corrobora par ſes preulx diſcours ; et de faire aux Ennemis de leur ſalut, comme fit Iahël à Siſara, general de l’armée de Iabin, roj de Moab, laquelle luj ficha un clou dans la temple, et comme la genereuſe Judith fit à l’impie Holophernes : vous conjurant au ſurplus, madame, ſi ils avaient le malheur de cheoir en quelque faulte, de les porter à ſe ramenteuoir, ét de les repatrier avec leurs Superieurs ; comme fit la Femme de Thecüa, laquelle par une ingenieuſe ſimilitude, reconcilia Abſalom à ſon pere David, enuoijée qu’elle avait eſté par Ioab. Ie ſçais, madame, que vous auez toutes les vertus de Sara et les graces de Rachel, laquelle plut tant à son Mari lacob, qu’il ſeruit Laban quatorze ans pour icelle : Il ne vous manque plus que d’eſtre fauorisée du Seigneur comme Anna, laquelle prioit deuant le paruis du tabernacle quj eſtoit en-Silo, alorſ-que le Grand Preſtre Helj la crut yure ; et lui de-