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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/238

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46.me) (Le Même, au Même.

[Celle-ci eſt une de celles que j’aurais-retranchées, ſ’il ne falait pas ſuivre les gradations du vice. Il y-raconte comment il a-ſeduit notre Cousine.]

1751, 23 janvier.


Tout eſt-dit, ou preſque-dit, avec la petite Cousine, mon chèr Mentor ! C’eſt un plaisir que ces Filles de Village ! elles ſont d’une naïveté charmante : ét-puis vous en-avez la fleur. Voila le monde, comme tu disais un-jour ; qui perd un, retrouve deux. Bién-fou qui ſ’affligerait ! Celui qui prendra la Jeune-perſone, ne ſera-t-il pas dans le même cas où m’a-mis le Grand-dormeur ? À bon Chat bon Rat ; Sauve qui peut ; J’en-prendrai où J’en-trouverai. Je pourrais entaſſer ici autant de proverbes que Sancho-Pança, ou m.me Canon, ét tous plûs-conſolans les uns que les autres. Un bon Ami eſt un tresor, ét tu me le prouves : nous ferons penitence de nos fredaines quand nous ſerons vieus, n’eſt-ce pas, chèr Père ?

Ma petite Parente a-cedé avec une grâce inexprimable, comme tu vas voir. Hièr-ſoir, lorſque tout le monde a-été-retiré, ét que mon cher Frère, tout-occupé à faire perdre à ſa chaſte ét jolie Moitié le nom de Fille, ſ’enivrait, ou devait-ſ’enivrer de plaisirs permis, j’en-cherchais, moi, de defendus, en-conduisant la petite Laure dans ſa chambrette. Je me-ſuis-retiré pour la laiſſer mettre-au-lit, après l’avoir-priée de ne pas éteindre la chandelle, parceque je n’en-avais pas d’au-