Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/239

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tre. Elle ſ’eſt-bién-depêchée, pour ne me pas faire-trop-attendre ; ét lorſqu’entre deux draps, elle eut-arrangé ſes appas, elle me-dit : — Mon Cousin, je ſuis-couchée ; venez querir vote lumière -!. Je ſuis-rentré ſur-le-champ ; j’ai-laiſſé tomber le chandelier, j’ai-mis le pied ſur la mèche comme par megarde, ét j’ai-paru-trèsfâché de cet incident : enſuite, je me-ſuis-approché du lit de l’aimable Fille, pour lui ſouhaiter le bon-ſoir, ét l’embraſſer. Un baiser,… deux baisers : la petite Cousine fe-defendait, mais ſi-maladraitement ! pour derober ſon ſein, elle livrait tout le reſte… Imagine-toi ce que je deviéndrais, ſi l’on ſe doutait ſeulement ici d’une pareille équipée !… Aujourd hui, la petite Perſone me parait diſtraite, rêveuse : la leçon qu’elle a-reçue hier l’occupe ſans-doute ; elle merite d’être-repaſſée, êt j’eſpère la renouveler ce ſoir. Mais la voici : je te quitte un-moment : l’Amitié n’eſt pas ſi-preſſée que l’Amour…

ll faut te conter la ſuite de mon avanture. Laure eſt-venue timidement auprès de moi : elle n’osait lever les ïeus. — Qu’avez-vous, Laurette ? vous me-paraiſſez-triſte ? — Oh-non ! mais c’eſt que je fuis-honteuse, — Bon ! honteuse ! une jolie Fille doit-elle jamais l’être ?… Venez, venez, ma petite Cousine ? — Oh ! nenni ! — Comment, nenni ! êtes-vous-deja-changée pour moi ? — Non, mon Cousin ; mais il faudra donc m’épouser ?