Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/245

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que le tumulte eſt-ceſſé ; que tous les Étrangers ſont-partis, ét que nous ſommes-tranquils dans notre petit cercle de Famille, nous profitons de quelques beaus inſtans, que la ſaison nous accorde, pour aler nous promener dans l’enclos de la maison-paternelle, m.me Parangon, Tiénnetre, m.r Loiseau, Urſule, Fanchon ét moi. Tiénnette ét Loiseau vont ſeuls ; Urſule cause le plus-ſouvent avec la Nouvelle mariée, ét je ſuis avec m.me Parangon : je l’aide à marcher, ét je crais voir de la ſatiſfaction dans ſes regards. Pour moi, dès qu’elle appuie unpeu ſur mon bras, mon cœur palpite ; je voudrais ſupporter entièrement le poids de ce precieus fardeau,

Notre entretién roûlait hièr ſur Laurette : m.me Parangon me demanda ce que je penſais de cette Jeunefille ? Je crus devoir être circonſpect : — Elle eſt bién, repondis-je. — Bien ! vous êtes-retenu dans vos éloges ! — Mais, oui, elle eft aſſés-bién. — Moi, Monfieur, je dis qu’elle eſt-charmante. — J’en-conviéns. — Je lui trouve un air-de-jeuneſſe ſeduisant. — Il eſt-vrai. — Cette Jeuneperſone merite beaucoup ! — Oui, madame, — Mais beaucoup plûſ-que ne le ſuppose la fraideur de vos reponſes ! — J’y-mets toute la chaleur que je puis, madame. — En-effet, j’en-conviéns ; il eſt-vrai ; oui, madame ; cela eſt très-animé !… J’ai-tort, ét je me-ſuis-trompée. — Supposons, madame, que mes reponſes ayent la fraideur que vous y trouvez ; eſt-ce ma faute à moi ? — C’eſt la