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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/261

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gras labourages de Varzi. Cependant, je ne ſuis pas tranquile : je ſens qu’une Jeuneperſone qui demeure ſeule avec une Fille qui la ſert, ét chés laquelle ſe rend tous les ſoirs un Homme dans l’obſcurité, ne peut-vivre longtemps de la ſorte, ſans donner une ample matiere à la medisance, dixfois plus-vénimeuse ici que partout-ailleurs, comme tu ſais ! Je ne vois de preservatif, que dans une liaison intime avec m.me Parangon, ét les deux Autres, que tu as ſi-bién nommées le trio des Grâces ; Manon fera le nombre complet ; car tu ſais que les Poêtes ſont-partagés là-deſſus, ét que les Anciéns en-admettaient quatre auſſi-ſouvent que trois : au-ſurplus, pour quelqu’opinion que tu prénnes-parti, on peut ſe concilier ; m.me Parangon ſera Venus. Je disais donc qu’une liaison avec les trois Grâces parerait à tous les inconveniéns, ét nous preserverait des embuches du Grand-dormeur, ſ’il ne perſeverait pas dans les ſentimens qu’il a-montrés. Mais comment faire pour en-venir-là ? Il faudrait tout revéler : la belle Dame eſt ſi-genereuse, que ce n’eſt pas ce qui m’embarraſſe ; mais en-cherchant à me ſoulager, je ſuis ſûr de lui donner le plus-violent chagrin.

Parlons unpeu de toi, mon Ami : ſeras-tu biéntôt de-retour en-cette Ville ? M.me Parangon viént de me dire, que les Parens de ton Amie paraiſſaient diſposés à ſe-mettre-à-la-raison. Te donner leur Fille eſt le ſeul