Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/29

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probation ; car ils me-disaient ſouvent, Edmond ſurtout : — Tu és, à mes ïeus l’image de notre Père ; notre Père eſt l’image de Dieu ; ét parainſi, Pierre, je vois auſſi Dieu en-toi ; c’eſt pourquoi je t’honore ét honorerai juſqu’au-tombeau-. Ét il m’a-honoré, même dans ſes égaremens. Ét Urſule m’a-honoré, même dans le temps qu’elle avait-oublié Dieu notre divin père ; ét jamais ni Edmond ni Elle n’ont-dit une parole peu-reſpectueuse à mon égard, non-pas-même une penſée n’eſt-jamais-née dans leurs cœurs, contraire à leur amitié pour moi : auſſi les ai-je-toujours-tendrement-portés dans le mien, ét les y-porterai-je en-amertume juſqu’au-tombeau…

Or quand il fut-queſtion de les-envoyer à la Ville, quoique Chaqu’un de nous (hors moi) en-eut-envie, ſi-eſt-ce pourtant qu’en nous-mêmes nous penſions tous : — C’eſt à-Edmond, c’eſt à-Urſule qu’il-convient d’y-aler-. Car effectivement il n’y-avait Auqu’un de nous qui eut autant de-gentilleſſe-de-figure, pour ſ’y-faire-aimer ét rechercher ; ni de nobleſſe-d’ame, pour ſ’y-montrer digne de-notre ſang ; ni de tendreſſe filiale ét fraternelle, pour ſy-ſouvenir de nous ét nous y-ſervir. Ainſi au diſcours que tint notre reſpectable Père unſoir à table, — J’ai de nombreus En-