veille-de-Pâques ; J’irai vite ; viéns audevant de moi juſqu’au bois de Courtenai, ou même à la Provenchère, afin que je jouiſſe quelques momens plutôt du plaisir de t’embraſſer. Mes reſpects à nos chèrs Pére ét Mére. Je ſonge à ce qu’Urſule m’a-dit ; fais-lui voir cette ligne ; mais en-particulier, de peur que cela ne cause de la jalousie. Au plaisir de te voir, ét de vous voir tous, mon Ami.
20 avril.
Pour bién-ſentir le bonheur d’avoir des
Parens comme les nôtres, il faut en-avoir-été-ſeparé
quelque-temps, mon chèr Ainé.
Que je ſuis-attendri ! Je ne ceſſe, depuis
mon retour, de me-retracer les bons-avis
qu’ils m’ont-donnés, de me rappeler les
careſſes qu’ils m’ont-faites,… ét que vous m’avez-faites
tous. Je ſuis plus-fort depuis que
je les ai-vus, ét qu’ils m’ont-appris mille
choses ſur la perversité des Hommes, dont
ils m’ont-aſſuré (ét je le crois bién !) qu’il
aurait-été plus-nuisible qu’avantageus de
m’inſtruire, avant que je fuſſe à la Ville. Je
n’oublie pas non-plûs ce que vous m’’avez-tous-dit,
toi ſurtout, mon Pierre, ét la chère
petite Sœur Urſule : Il n’eſt point ici de Famille
qui ſoit-unie comme la nôtre : nous ſommes
quatorze Enfans, ét il n’y-en-a pas Un
qui ne ſe-ſacrifiât pour les Autres. Nous ne
ſerons pas riches, mais nous-nous aime-