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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/52

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veille-de-Pâques ; J’irai vite ; viéns audevant de moi juſqu’au bois de Courtenai, ou même à la Provenchère, afin que je jouiſſe quelques momens plutôt du plaisir de t’embraſſer. Mes reſpects à nos chèrs Pére ét Mére. Je ſonge à ce qu’Urſule m’a-dit ; fais-lui voir cette ligne ; mais en-particulier, de peur que cela ne cause de la jalousie. Au plaisir de te voir, ét de vous voir tous, mon Ami.


5.me) (Le Même, au Même.

[Bons ſentiments qui n’ont-pas-aſſés-duré.]

1750.
20 avril.


Pour bién-ſentir le bonheur d’avoir des Parens comme les nôtres, il faut en-avoir-été-ſeparé quelque-temps, mon chèr Ainé. Que je ſuis-attendri ! Je ne ceſſe, depuis mon retour, de me-retracer les bons-avis qu’ils m’ont-donnés, de me rappeler les careſſes qu’ils m’ont-faites,… ét que vous m’avez-faites tous. Je ſuis plus-fort depuis que je les ai-vus, ét qu’ils m’ont-appris mille choses ſur la perversité des Hommes, dont ils m’ont-aſſuré (ét je le crois bién !) qu’il aurait-été plus-nuisible qu’avantageus de m’inſtruire, avant que je fuſſe à la Ville. Je n’oublie pas non-plûs ce que vous m’’avez-tous-dit, toi ſurtout, mon Pierre, ét la chère petite Sœur Urſule : Il n’eſt point ici de Famille qui ſoit-unie comme la nôtre : nous ſommes quatorze Enfans, ét il n’y-en-a pas Un qui ne ſe-ſacrifiât pour les Autres. Nous ne ſerons pas riches, mais nous-nous aime-