Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/63

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mién : Cela n’a-duré qu’une ſeconde ; elle a-rougi, en-me disant : — Vous aurais-je fait-mal -? Je n’ai-rién-repondu ; mais j’aurais-voulu-dire : Non, mademoiselle ; vous m’avez-fait bién-plutôt plaisir ! Nous avons-enſuite-unpeu-causé. M.lle Manon m’a-dit, que quand je vins de mon Village, elle ne m’avait-pas-trouvé ſi-bonne-mine qu’à-present ; parceque mon air gaûche me fesait-paraître ſot ; qu’elle m’avouait avec plaisir qu’elle ſ’était-trompée : — La mise de la Ville, a-t-elle ajouté, ces beaus cheveus que vous ne negligez plus, l’aisance que vous acquerez, vous rendent tout-autre, ét vous donnent… un air… mais un air fort-agreable ! Vos ſourcils fournis ét bién-arqués prêtent de la vivacité à ces grands ïeus,… qui pourtant… n’expriment encore que… de la timidité : votre néz eſt aquilin, unpeulong, ce qui ne vous depare pas : mais ce ſont vos lèvres ! je n’en-ai-point-encore-vues… de ſi-vermeilles ; quelle fraîcheur — ! (Elle y-a-porté le doigt, ét tout mon visage eſt-devenu comme ces lèvres qu’elle venait de louer : elle a-ſouri avec une grâce !… inconnue chés nous, mon chèr Pierrot.) — Vous êtes bién-fait (a-t-elle continué), quoique votre tâille ne ſoit pas encore pleine ; mais elle eſt-quarrée. Quand vous êtes-arrivé (continue-t-elle toujours) comment deviner la fineſſe de cette jambe, ſous vos guêtres crotées ?… Edmond, crayez-moi