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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/84

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14.me) (Edmond, à Pierre.

[Scelerateſſe de la part de ſon Maître : Edmond fait-connaiſſance avec le p. D’Arras.]

1750.
12 ſeptemb.


Il faut ſe-defier de ce qu’on entend à-travers une porte, ét de ce qu’on voit par le trou-de-la-ſerrure », chèr Aîné : C’eſt ce que nous disait maître Jacques, notre Recteur d’École, comme il t’en-ſouviént ; ét ce mot était plein de ſens ; j’en-ſuis la preuve, Ce-matin, m.lle Manon m’a-dit, que m.me Parangon devait-arriver dans deux-jours. Elle n’avait pas-besoin de m’aſſurer que cette nouvelle lui fesait-plaisir ; ſa joie paraiſſait ſur ſon visage ét dans ſes ïeus, Elle a-ajouté, mais d’un air-de-confiance ét de-verité auquel je n’ai-pu-m’empêcher de me-rendre, qu’elle alait enfin être-delivrée des perſecutions de m.r Parangon : (perſecutions ! ça m’a-pourtant-donné-à-penſer) ; qu’elle ne demeurerait plus chés lui, ét qu’elle ne ſerait-plus-obligée de deguiser ſes ſentimens à Quelqu’un qui les meritait. Elle m’a-regardé, en-prononçant ces derniers mots, d’une manière ſi-bonne, ſi-douce, fi-obligeante, que j’en-ai-rougi de plaisir : ét m.lle Manon me voyant rougir, elle a-baiſſé-la-vue, en-rougiſſlant auſſi. Puis elle a-continué de parler, en-ces termes : — Je ne vous cacherai pas, monſieur (ét c’eſt la première-fois qu’elle m’appelle monſieur), qu’il m’a-falu bién de