Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/83

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aimable Femme : ainſi je ſuis-content. Urſule parle de-temps-en-temps à notre Mère pour aler auprès de toi ; mais je ne le conſeillerai pas, que je ne te voye plus-fixe ét plus-aufait. Je n’aime pas ta batalile de Vaux ; ca ſent le petit Freluquet : chés nous, en-pareil cas, les Gens raisonnables parlent, ét ne font pas rouler du haut-en-bas d’une montagne : ſi tu les avais-bleſſés, ét qu’ils t’euſſent fait un bon procès !… C’eſt peu de-chose : mais ça fait du bruit : on dirait ici, Edmond K★★ ſ’eſt-battu avec des Gens ivres ; il l’étrait apparemment auſſi ? Le bel honneur ! Mais pour ne pas finir fâché, je vais te faire-écrire deux mots par notre bonne Mère :

Mon Edmond ; je renvoie des chauſſes-de-filoselle, avec des culotes-de-fortendiable ; deux veſtes ét l’habit de baracan, pour te faire brave les dimanches-ét-fêtes : mon Pierre me-conte tout, ét me-dit qu’il ſe-presente un bon Parti pour toi, ſi tu es-ſage : il faut l’être, mon Enfant, ét bién-craindre le Bondieu ! &emsp ; &emsp ; Je t’embraſſe de tout mon cœur.

Ta Mère Barbe-De-Bertro.

Je n’ai-rién-dicté, ét tout ça eſt d’elle, car, vois-tu, mon Edmond, j’aurais-cru-manquer au reſpedt, ét faire comme une profanation en-y-mélant du mién. Adieu : aime ton Frére autant qu’il t’aime.

Urſule ét Fanchon t’embraſſent, ainſi que toute la Famille : ét notre bon Père parle souvent de toi, ét toujours en-bién,