Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/91

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dans le fang, ét je me-ſuis-trouvé-ſoulagé.

En-le quittant je ſuis-venu auprès de Tiénnette. Oh ! la maſque ! elle était d’un ſens-fraid… c’eſt une chose bién-incrayable, comme les Femmes ſavent feindre !… Pauvre Loiseau !.. Ma-foi je ne ſais plus que penſer de toutes ces Magiciénnes-là (car elles le ſont, par le ſort qu’elles jetent ſur leurs Ámoureus). Ét ſi m.lle Manon était fauſſe comme cela !… Il n’y a qu’Edmée, dont un je-ne-ſais-quoi me-dit qu’elle eſt comme elle m’a-paru… Je ſuis-pourtant-fâché de l’avoir-trouvée à Vaux ; car je ſens qu’elle m’empêche d’abandonner toutafait mon cœur aux eſperances que m.lle Manon ſemble vouloir me-permettre, dans le cas où je m’en-rendrai digne.

Voila bién des nouvelles, mon Pierre, ét des choses dont il n’y-a point d’exemple chés nous. J’embraſſe ta chère Future, ainſi qu’Urſule, ét tous nos Frères ét Sœurs. Il me-faudrait un habit noir, outre l’habit de couleur que j’ai-reçus ; la decence veut qu’on ſe-mette en-noir ici en-certaines occasions ; comme, par-exemple, le ſemaine dernière, que la Fille d’une Princeſſe d’un petit pays du cercle de Suabe en-Allemagne mourut de la petitevérole, à l’âge de trois-mois ; la Cour a-pris le deuil pour trois-jours, ét les Gens-comme-il-faut d’ici ne l’ayant-ſu que le dernier jour, ils l’ont-pris trois-heures, pour aler à la promenade de l’Arquebuse ; ét ſi j’avais