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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/92

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en un habit noir, j’y aurais-mené m.lle Manon. Je te remercie de l’argent que tu m’as-envoyé pour m’acheter des boucles ; j’en-ai-pris de fort-propres, ét du dernier goûts ; je té renvoie celles de cuivre, que tu as la bonté de trouver aſſés-belles pour toi. Toutes les fois que je penſe à Pierre Rameau, je me-dis que J’ai le meilleur des Frères.


15.me) (D’Arras, à m.lle Manon.

[Voici un Ami d’Edmond bién-dangereus.]

1750.
15 septemb.


Je voulais vous parler hier, Mademoiselle ; Mais je ne pus avoir cet avantage, l’ordre m’étant-venu de partir pour Saintbris, que je dois deſſervir durant un petit voyage du Curé, le Vicaire étant malade. Voici ce que je voulais vous dire.

Etes-vous bién-ſûre de vos diſpositions en faveur du jeune R★★ ? Le ſecret ſera-t-il impenetrable ? en-un-mot, ce Jeunehomme ſera-t-il heureus ? Ces queſtions vous ſurprennent ; mais elles ſont-fondées : en-voyant Edmond, j’ai-ſenti que la ſimpathie, ce panchant irresiſtible dont on ne peut ſe-rendre-raison, m’entraînait vers lui ; c’eſt la plus-tendre amitié qu’il m’inſpire ; ainſi je veus le ſervir en-vous-ſervant, ét m’obliger moi-même, en-ſuivant mon inclination. Je fais tout ce que vous valez, ma Belle, ét c’eſt un motif determinant : mais auſſi, Edmond a de grands prejugés ! reüſſirons-nous à les detruire ? Le temps preſſe. Vous ſavez comme