Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/93

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je penſe : j’approuve tout, vos raisons ſeraient les miénnes : mais prenez y-garde ! Edmond n’eſt pas un ſot. Vous me-direz que c’eſt tant-mieux. Oui, pourvu que la resolution que vous m’avez-exprimée dernièrement ſait auſſi durable, qu’elle m’a-paru ſincère. Ne vous preparez pas de regrets, ni à moi des reproches : je ſerais au-deseſpoir de tromper Edmond, dans le ſens que je l’entens ; car ſ’il eſt heureus, il ne ſera-pas-trompé.


16.me) (Reponſe au p. D’Arras.

[Ô Serpent rusé !]

1750.
16 ſeptemb.


L’interêt que vous inſpire Edmond m’a-flatée plûſque vous ne ſauriez imaginer : il eſt-fait pour être-aimé ; tout le monde aura mes ïeus ét mon cœur, dès qu’il ſ’agira de cet aimable Jeunehomme. Vous me-demandez, ſi ma resolution eſt-ſolide ? Quoi ! c’eſt vous qui me-faites cette queſtion ! Elle eſt-inviolable, elle eſt-ſacrée ma resolution ; croyez-en l’amour ét l’honneur… Que les derniers ſacrifices m’ont-coûté !… Je meritais cet affreus ſupplice ! Edmond ſera-heureus, ſi ma tendreſſe ét ma fidelité peuvent contribuer à ſon bonheur. Quant à la fortune, dont vous ne parlez pas, les arrangemens ſont tels, que vous demanderiez de la moderation : mais Maman ét ma Sœur ſ’en-font un cas-de-conſcience. Soyez donc tranquil ; mais attaquez vivement le prejugé, depeur d’accident. Je crains beaucoup cette