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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/95

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rait-jamais eue. Ainſi, vous le ſervirez… Cependant, je vous l’avoue, je me-pardonne preſque ma faute, d’après l’idée qu’elle lui eſt avantageuse… Je vous ouvre mon cœur, bién-ſûre que vous nous ſervirez Edmond ét moi, de-preference à un Homme qui… ne voit jamais que lui-même dans ſes Amis, ét dans le bién qu’il leur fait…

Adieu, chèr Père : vous avez tant de qualités, ſur-tout avec vos Amis, qu’il eſt-impoſſible de ne pas vos pardonner bién des defauts !

Non-ſignée.


17.me) (Edmond, à Pierre.

[Arrivée de m.me Parangon : Commencement d’une paſſion malheureuse ! ]

1750.
18 ſeptemb.


Cher Aîné : Je t’écris dans un moment où toute la maison de mon Maitre ſe-livre à la joie. M.me Parangon viént-d’arriver de Paris. C’eſt une Brune-claire, dont le tour-de-visage eſt-parfait ; elle a les ïeus d’une douceur à laquelle on ne ſaurait ſe-refuser ; la bouche un peu grande, mais vermeille, appetiſſante, comme on n’en-vit jamais ; les dents blanches, petites ét ſerrées ; la tâille audeſſus de la mediocre, libre, degajée, voluptueuse. Mais ce portrait n’eſt qu’une eſquiſſe ; il faut la voir, pour ſentir ce que tout-cela vaut : Il n’eſt chose en-elle qui n’ait un charme particulier : ſa jambe eſt-fine ét faite d’une façon qui remue le cœur ; ſon piéd eſt ſi-joli, ſi-petit, ſi-agreable à voir, qu’il n’y-a