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LOUIS GARNERAY
LE MARIN


Il n’est pas banal, dans sa dualité, Louis Ambroise Garneray[1] marin et peintre de marines, né à Paris, le 19 février 1783.

Au premier abord et pour beaucoup le peintre seul peut paraître intéressant ; mais dans cet homme un peu fruste, c’est le marin qui a fait le peintre ; vouloir ignorer le loup de mer serait se refuser à comprendre l’artiste ; il est donc indispensable, à qui veut le bien connaître, d’étudier sa vie tout entière.

Pour l’écrire, cette vie, il n’y aurait, semble-t-il, qu’à suivre presque pas à pas les Mémoires de Garneray lui-même. Sous des titres fantaisistes et une forme qui en fait quasi des romans, il a laissé, en effet, une autobiographie vraiment attachante. « C’est le plus beau livre qui ait été écrit sur l’héroïsme des marins français », a dit M. Victor Tissol, en tête de l’édition donnée en 1886 dans la Bibliothèque des Voyages, Chasses et Aventures. Mais quelque subjugué que l’on soit par ces récits, on est un instant déconcerté car on soupçonne, on sent qu’un peu d’innocente broderie a dû s’y glisser, soit volontairement pour donner plus de vie, plus de charme et retenir le lecteur ; soit inconsciemment par le seul fait du mirage idéalisant qui auréole toujours le passé. S’il s’agit d’en dégager une étude sérieuse, la question se pose : où est la vérité simple ? où est la broderie ou, plus exactement, l’arrangement ?… on craint, on hésite.

Du moins n’aura-t-on ni craintes, ni hésitations avec les pièces authentiques des archives de la marine[2] grâce auxquelles nous avons pu établir, d’une façon absolument certaine, les états de service de Louis Garneray.

  1. L’orthographe est bien Garneray et non Garnerey. Cette erreur, souvent répétée, a été rectifiée par Garneray même.
  2. Dossier officiel, cote CC 7.