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Seuls, ces documents officiels seraient froids et secs ; rattachés aux détails des Mémoires ils formeront, nous l’espérons, un tout moins aride qui permettra d’apprécier cette physionomie originale et bien personnelle.


Louis Garneray avait treize ans et demi lorsqu’il déclara sa résolution de naviguer. « Mon père[1], peintre de genre, me destinait à suivre la même carrière que lui ; mes études classiques furent donc pour l’art. Un penchant irrésistible que je ressentais pour les aventures et les voyages, un enthousiasme pour la gloire qui me présentait sans cesse des pensées et des rêves de combats, s’opposèrent à la réalisation de ces désirs. »

Ici ni mention, ni trace de cette résistance des parents, devenue traditionnelle pour la vocation de l’enfant que nous trouvons embarqué le 20 février 1796 à Rochefort, comme novice à 24 francs, sur la Forte[2], frégate de la division navale du contre-amiral marquis de Sercey[3], commandée par Beaulieu-Leloup, cousin de Garneray.

« Mon parent Beaulieu-Leloup commença par me dire : “ Tu peux compter sur moi. S’il y a des coups à recevoir, un danger à courir, je te choisirai de préférence à tout homme de l’équipage. Si tu commets la moindre faute, la plus petite négligence dans ton service, je te promets de te punir avec deux fois plus de sévérité que je n’en emploierais dans une occasion semblable avec n’importe quel matelot. Une fois puni, je prends l’engagement de rester inexorable pour toi. Pas de remerciements, c’est inutile. ” »[4]

  1. Jean François Garneray (1755-1837). On cite parmi ses œuvres : Vue de la galerie du château de Fontainebleau. — Louis XVI sur la terrasse de la tour du Temple. — Portrait du baron de Trenck. — Fonts baptismaux d’Auteuil, etc. Il exécuta le portrait de Charlotte Corday pendant qu’elle subissait l’interrogatoire du tribunal révolutionnaire. On trouvera dans la deuxième partie de cette étude la preuve que c’est bien le père de Louis Garneray qui fit ce portrait et non son oncle, comme l’ont indiqué quelques biographes qui ont commis également une erreur en disant Louis Garneray, fils d’Auguste Siméon, qui était son frère.
  2. Archives de la marine.
  3. Pierre-César-Charles-Guillaume marquis  de Sercey (1753-1836), contre-amiral 1793, vice-amiral, pair de France 1832.
  4. V. préface d’Hippolyte Lucas. Scènes maritimes, édit. 1863.