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Garneray père pendant son interrogatoire ; ce portrait, nous l’avons dit, a été parfois attribué à l’oncle de Louis Garneray, mais la lettre suivante[1] prouve péremptoirement qu’il fut bien l’œuvre de son père. Voici la copie textuelle de ce précieux document :

Rouen, le 5 (sans indication de mois) 1836.

« Mon père ayant obtenu la faveur de faire le portrait de Charlotte Corday pendant l’audience du tribunal révolutionnaire où elle fut condamnée à mort, cette femme extraordinaire s’étant aperçue qu’il la dessinait jetta (sic) sur lui un regard d’intelligence et sans que ses réponses au terrible interrogatoire qu’on lui faisait subir perdissent rien de leur à-propos et de leur admirable énergie, elle s’imposa l’immobilité la plus complette (sic) jusqu’au moment où le peintre lui fit comprendre, par un signe de remerciement, qu’il avait fini sa tâche.

« Ce portrait, gravé de suite par le célèbre Alix, est d’autant plus précieux qu’il est extrêmement ressemblant et devenu si rare qu’il serait peut-être impossible de se le procurer à n’importe quel prix, surtout avant la lettre comme est celui-ci, attendu que lors du premier tirage le dessin et la planche, saisis par la police, furent impitoyablement détruits. »

Le don de Garneray père fut accepté par lettre du 25 juillet 1836.

Dans la collection Baratte il y a deux exemplaires de ce portrait, un avant la lettre et un après la lettre signé P.-M. Alix, sans nom de dessinateur il est vrai, mais, Alix n’ayant gravé — d’après Le Blanc (Manuel du collectionneur d’estampes) — qu’un seul portrait de Charlotte Corday, l’épreuve avant la lettre doit bien être celle qui fut offerte à la ville de Rouen par Louis Garneray au nom de l’auteur lui-même.

En janvier 1835, Garneray avait été reçu membre de l’Académie de Rouen. « À cette même époque, dit la Revue de Rouen, il collaborait à la Revue maritime, fondée en 1834[2] et était membre de

  1. Archives de la mairie de Rouen, dossier 49 A, 18e section.
  2. Aucune trace de cette Revue n’existe à la Bibliothèque nationale. Peut-être Garneray collabora-t-il à la Revue maritime, qui exista de 1830 à 1832 ; mais il est difficile de le constater, beaucoup des articles de cette revue étant anonymes.