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trace de démêlés vraiment graves ; tout se résume à des questions d’emballages et de transports de tableaux et se termine par une réduction de 200 francs demandée et obtenue sur le dernier mémoire qu’il s’agissait d’acquitter ; le litige est définitivement soldé le 7 août par l’envoi à Garneray d’un mandat de 72 fr. 32, pour avances faites par lui et d’un autre mandat de 400 francs pour deux mois de traitement, avril et mai.

On a voulu voir Garneray sérieusement fautif alors qu’il semble n’avoir été que maladroit. Ne fut-il pas aussi l’objet de certaines vengeances secrètes ; enfin la ville ne fut-elle pas un peu plus que de raison exigeante, pour ce conservateur plus de quatre ans surnuméraire ?

Ce n’est pas aujourd’hui et sur les simples documents, peut-être incomplets, qui nous sont parvenus, qu’il serait possible de baser une appréciation et un jugement équitables. On nous permettra seulement de souligner que si les lettres écrites au moment de sa nomination ont toutes affirmé sa loyauté[1], l’étude que nous venons de faire de sa vie n’a pu également donner de cette loyauté que l’opinion la plus favorable.

À son exposition de cette année 1837, la ville de Rouen accorda à Garneray la médaille d’or pour une marine[2] ; le 6 septembre, il en adressa ses remerciements à M. Barbet, annonçant en même temps son intention de faire don au musée de Rouen de plusieurs bustes : Michel-Ange, Talma, David, Charlotte Corday ; aucun de ces bustes ne s’y trouve ; y furent-ils envoyés et plus tard dispersés, ou bien l’artiste revint-il sur son intention ?…

En revanche la bibliothèque de Rouen (collection Baratte) possède un portrait de Charlotte Corday, gravure coloriée de P.-M. Alix[3], qui doit être le portrait de l’héroïne exécuté par

  1. « Cet artiste que j’ai le plaisir de connaître depuis longues années est tout à fait intéressant par ses talents et ses qualités personnelles… en toute circonstance, il s’est montré homme plein d’honneur et loyal. » (Contre-amiral de la Bretonnière.) — « Nous sommes liés d’amitié depuis l’enfance et j’ai toujours reconnu en lui des qualités d’honnête homme, citoyen dévoué, homme laborieux. » (Jazet.) — « Il est d’un commerce fort doux, d’une obligeance extrême, d’un désintéressement à toute épreuve, d’un caractère aussi noble que loyal, très délicat sur le point d’honneur. » (Sper.)
  2. Archives de la mairie de Rouen, dossier 49-14, et Revue de Rouen, t. X, p. 64.
  3. Alix (Pierre-Michel), 1752-1809. Graveur, élève de Le Bas.