Page:Révéroni Saint-Cyr - Pauliska, ou la Perversité moderne, An 6.djvu/352

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mienne se retraçaient sous ses yeux même… Je prêtais l’oreille, troublée, car il me sembla que Julie parlait à nos ombres avec action. « Encore ensemble, toujours ensemble, disait-elle avec un accent égaré et sensible ; cette femme m’en impose… cruelle étrangère !… quel mal tu me fais !… » ajoutait-elle, en enfonçant sa lance de chasse dans mon image tracée sur les eaux… « Sens-tu le poignard qui me déchire !… et je ne suis pas une vaine ombre !… » Ces mots faiblement entendus me saisirent ; cet amour véhément et naïf, soutenu par des droits sacrés, m’interdit, m’ôta même toute lueur de sensibilité pour Ernest. Confondue, attendrie, je descendis du donjon sans proférer un mot, et sans m’appercevoir que j’étais suivie par mon ami.