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comme il pourrait. Champlain fit tout ce qu’il put pour l’engager à s’associer avec M. de Mons — qui tournait alors ses vues du côté du Saint-Laurent ; — mais elle ne voulait avoir rien à faire avec un calviniste. Au reste, les Jésuites espéraient former en Acadie un établissement semblable à celui qu’ils avaient déjà dans le Paraguay, et qui fût entièrement dans leur dépendance ; mais leur tentative, comme on va le voir, eut les suites les plus malheureuses[1]. »

Quoi qu’il soit, — comme cela ressort de tout son livre et du passage même que nous allons citer, — très favorable au catholicisme et aux missions catholiques, l’historien Garneau ne peut s’empêcher d’ajouter ici cette réflexion : « Les protestants, comme les catholiques partisans de Sully, composaient la classe la plus industrieuse de la France et par cela même la plus favorable au progrès du commerce et de la colonisation. Leurs adversaires, qui prétendaient dominer à toute force dans les affaires politiques comme dans les affaires religieuses, voulurent, du jour où ils furent les maîtres en Amérique comme ailleurs, que le commerce supportât toutes les dépenses, ecclésiastiques aussi bien que civiles, fardeau beaucoup trop lourd pour lui, et ils sacrifièrent, autant par faux zèle que par ignorance, les intérêts les plus chers du pays à la dévotion sublime mais outrée du XVIIe siècle[2]. »

Revenons à Mme de Guercheville et à ses protégés. Par les soins de la vieille marquise on arma, dans le port de Honfleur, un vaisseau qui devait conduire les

  1. Garneau. Hist. du Canada, pag. 47 et 48.
  2. Garneau, p. 48. Cette dévotion « sublime » du XVIIe siècle nous paraît à nous fort sujette à caution.