les admettre parmi eux. Ils furent remplacés sur-le-champ par la vieille marquise de Guercheville qui s’était déclarée la protectrice des missions de l’Amérique : c’était tout ce que voulaient les révérends pères. La marquise acheta les droits que M. de Poutrincourt avait sur l’Acadie et qu’elle se promettait de faire revivre, afin de mettre Poutrincourt lui-même dans sa dépendance. En effet, le fils de ce dernier, Biencourt, fut obligé, peu de temps après, de conclure un arrangement avec elle. Aux termes de ce traité, la subsistance des missionnaires devait être prélevée sur la pêche et même sur la traite des pelleteries, aux profits de laquelle la vieille dame les associa, ôtant ainsi, selon Lescarbot, à ceux qui auraient eu la volonté d’aider à l’entreprise, le moyen d’y prendre part.
« S’il falloit donner quelque chose, ajoute ce judicieux écrivain, c’étoit à Poutrincourt, et non au Jésuite qui ne peut subsister sans lui. Je veux dire qu’il falloit premièrement aider à établir la république, sans laquelle l’Église ne peut être, d’autant que, comme disoit un ancien evesque, l’Église est en la république, et non la république en l’Église. »
« Les dissensions ne tardèrent pas à éclater. Elles
furent portées au point que les Jésuites, agissant au nom
de leur puissante protectrice, firent saisir les vaisseaux
de Poutrincourt, et causèrent des emprisonnements
et des procès qui le ruinèrent, et qui réduisirent les
habitants de Port-Royal, auxquels il ne put envoyer de
provisions, à vivre de glands et de racines tout un
hiver. Après l’avoir ainsi épuisé, Mme de Guercheville
se retira de la Société et chercha à établir les
Jésuites ailleurs, laissant Port-Royal sortir de l’abîme