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tout le cours des rivières qui passent dans la mer Douce et se déchargent dans le grand fleuve Saint-Laurent, et aussi de celles qui se jettent dans la mer, les mines, ports, hâvres, fleuves, îles, etc[1]. » La Compagnie avait le droit de fortifier et régir à son gré tous ces domaines, de faire la paix et la guerre. La charte octroyée par Richelieu établissait encore — ce qui était une grave erreur au point de vue économique — le monopole du commerce au profit de la Compagnie, et le droit exclusif, et à perpétuité, à la traite du castor, des cuirs et pelleteries. Pour encourager l’essor de l’industrie dans la colonie, on décida l’entrée franche dans la métropole de tous les produits qui seraient manufacturés au Canada. Les ouvriers qui y auraient pratiqué un métier quelconque pendant six ans seraient libres de l’exercer à leur retour en France, sans avoir besoin d’autres lettres de maîtrise. Un autre article de cette charte, qui prouve que l’esprit de la Déclaration des droits de l’homme couvait en France bien avant 1789, est celui qui assimile aux Français regnicoles, pour tous les droits utiles ou honorifiques, non seulement les Français qui s’établiront au Canada et leur postérité, mais encore les sauvages qui embrasseront le christianisme. « Le génie vraiment chrétien et philosophique de la France, écrit Henri Martin[2], brille de son plus vif éclat dans cette solennelle abjuration des préjugés de la race et de la couleur. » Et l’on a facilement, par là, la raison de la préférence que donneront généralement les

  1. Voir le Mercure de France de 1628, t. XIV, p. 236, où se trouve tout au long la charte de la nouvelle Compagnie.
  2. Histoire de France.