Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nouvelle-France et de proposer les mesures qu’il jugerait les plus propres à y remédier.

Presqu’en même temps que MM. de Tracy, de Courcelles et Talon, arrivèrent au Canada plusieurs compagnies du régiment de Carignan, outre une quantité de colons, hommes, femmes et filles. Ces dernières avaient été recrutées surtout à Paris dans les maisons de charité ; — le baron de la Hontan, — un témoin sujet à caution — prétend, dans ses Voyages, qu’on expédia de France plusieurs vaisseaux chargés de filles « de moyenne vertu », mais que le « baptême de la ligne » ou du banc de Terre-Neuve les purifia suffisamment pour en faire des filles de vertu, d’honneur et de conduite irréprochables. Quoi qu’il en soit de ces dires d’un écrivain qu’on ne saurait accepter sans contrôle, il est certain que le Canada, en cette seule année 1665, vit presque doubler le chiffre de sa population, et ses mœurs ne cessèrent point de se maintenir à un haut niveau d’honnêteté.

Après une expédition contre les Iroquois, dont il soumit ou châtia quatre nations, le marquis de Tracy repartit pour la métropole, mais il laissa derrière lui les soldats du régiment de Carignan. Licenciés un peu plus tard, ces vétérans, qui s’étaient distingués contre les Turcs sous Montécuculli, s’établirent pour la plupart dans le pays, où ils reçurent des terres, et ils y firent souche d’excellents colons. Plusieurs des officiers demeurèrent aussi et obtinrent des seigneuries. « La plupart étaient gentilshommes, écrit le P. Charlevoix. Aussi la Nouvelle-France a-t-elle plus de noblesse ancienne qu’aucune autre de nos colonies. »

Talon demeura également au Canada, d’où il adressa