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rares maisons de pierre qu’on y voyait appartenaient au gouvernement. On y construisit des « cales », c’est-à-dire des jetées qui s’étendaient au loin dans le port, pour charger et décharger les navires. Comme le principal objet du gouvernement, en prenant possession de l’île, était de s’y rendre inexpugnable, on fit, à partir de 1820, de grands travaux de fortification. Les sommes qu’on y dépensa dépassèrent trente millions de livres[1]. Et néanmoins, avec ce chiffre énorme pour l’époque, les fortifications ne furent jamais complètement achevées. Cette circonstance, jointe à l’insuffisance de la garnison, devait par la suite ruiner les espérances qu’on avait attachées à la fondation de cette place de guerre.

Le Canada, — tout en jouissant, plus qu’à aucune autre époque peut-être de son histoire, des avantages de la paix, et en s’adonnant avec une nouvelle ardeur aux travaux de l’agriculture, source la plus sûre de sa prospérité[2], — ne négligeait pas non plus de se mettre en état de défense, en vue d’une reprise possible des hostilités.

Instruit par l’expérience des années précédentes et préoccupé des dangers d’une invasion anglaise, M. de Vaudreuil songea à entourer Québec et Montréal de fortifications régulières, capables de soutenir un siège. Il commença en 1620 l’exécution de ce projet et confia à l’ingénieur Chaussegros de Léry la direction des travaux auxquels les habitants furent appelés à contribuer de leurs bras et de leur argent. Mais la mort le

  1. Garneau. t. II, p. 68.
  2. Consulter, sur toute cette période, Benj. Sulte, Hist. des Canadiens français, t. VI, chap. 2 à 7, Montréal, 1882.