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cadre française, et trois de nos navires, l’Alcide, le Lys et le Dauphin-Royal se trouvèrent, le 8 juin, à portée du feu des Anglais. Le capitaine de l’Alcide demanda, à l’aide d’un porte-voix : « Sommes-nous en paix ou en guerre ? — En paix ! » répondit-on des vaisseaux anglais, mais presque en même temps une bordée de mitraille tombant sur nos vaisseaux venait donner un sanglant démenti à ces paroles[1]. L’Alcide et le Lys, ainsi attaqués inopinément par des forces de beaucoup supérieures, furent bientôt contraints de se rendre. Quant au Dauphin-Royal, la supériorité de sa marche assura son salut, et son capitaine, M. de Montalais, eut la satisfaction de pouvoir conduire jusqu’à Louisbourg les troupes qui lui étaient confiées.

Cette attaque fut le signal de « pirateries » sans exemple jusques alors. Sans aucune déclaration de guerre, les Anglais prirent plus de trois cents vaisseaux marchands, « comme on saisirait, des barques de contrebande, » ( Voltaire), ils s’emparèrent même de quelques navires des autres nations, qui portaient aux Français des marchandises. On estime que 10,000 matelots et trois cents millions de livres tombèrent ainsi, en quelques mois, au pouvoir des croiseurs anglais.

À la nouvelle de ces « actes de brigandages », ainsi qu’il les qualifiait justement dans sa lettre au roi d’Angleterre (21 décembre), Louis XV se décida enfin à rappeler son ambassadeur de Londres, et le gouver-

  1. Relation du combat du vaisseau l’Alcide. (Dépôt de la guerre, vol. 3417, pièce 4).