Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

protéger la retraite de ce détachement et arrêter la marche des français. Pour être sûr de ses derrières, le général anglais avait au préalable chassé toute la population de la ville, dans la crainte qu’elle ne se soulevât contre lui pendant qu’il serait aux prises avec nos troupes.

La bataille s’engagea, près de Sainte-Foy, sur ce même plateau d’Abraham où Wolfe et Montcalm s’étaient rencontrés l’année précédente. L’affaire fut chaude et glorieuse pour les Français. À un moment, les troupes de notre aile gauche, obligées de se former en bataille sous le feu meurtrier de l’artillerie anglaise, semblaient hésiter, quand M. de Bourlamaque les rallia et les mena sans tirer sur l’ennemi qu’elles culbutèrent à coups de baïonnette ; alors M. de Lévis donna à la droite l’ordre d’attaquer. Les Anglais ne purent insister ; ils furent enfoncés, obligés de se retirer dans Québec, et perdirent toute leur artillerie (20 canons, 2 obusiers) et environ 800 hommes, tués ou blessés, presque tous à coups de baïonnette. La victoire nous avait coûté 700 hommes ; tous nos grenadiers avaient été tués par la mitraille des Anglais et avaient payé de leur sang le dernier triomphe du drapeau français au Canada.

Aussitôt M. de Lévis assiégea Québec. Il avait pris aux Anglais, dans la bataille du 28, une grande quantité d’outils avec lesquels on fit les tranchées ; et, le 11 mai, les Français ouvrirent le feu contre la ville avec quelques mauvaises pièces de fer. Comme la poudre était rare, nos artilleurs eurent ordre de ne tirer que vingt coups par pièce, par vingt-quatre heures, et, tout en canonnant la place, on attendit les secours qu’on