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vantage ce reproche. « Québec n’avait encore que cent habitants, remarque Isidore Lebrun, quand les jésuites y élevèrent un collège et les sauvages eux-mêmes eurent plus d’instituteurs que les Limousins et les Champenois. » Les gouverneurs et les intendants envoyés de France, les de la Barre, les Talon, les Begon, les La Galissonnière, les Duquesne et les Bougainville comptaient parmi les plus savants hommes de leur temps, et les encouragements qu’ils donnèrent aux lettres et aux sciences produisirent d’heureux fruits. Ainsi, parmi les Canadiens français, Jolliet devint hydrographe du roi ; Jean-Baptisle Gosselin, chanoine de Québec, s’occupa de botanique et enrichit le Jardin des plantes de Paris. D’Iberville, Céloron de Blainville, Perrot, la Vérendrie, etc., s’illustrèrent dans la géographie ; Longueil, Saint-Simon, de Lorimier, Lacorne et Lafontaine-Marion se rendirent habiles dans les langues des sauvages. Nicolas Perrot, le sieur de Saint-Michel, le major Dupuy, le sieur de Rouville et le sieur de Maricour firent figure dans les ambassades. Pierre Boucher, Juchereau de Saint-Denis, Paulin de Courval, etc., ont laissé des mémoires intéressants ; d’autres auteurs ont produit quelques volumes de vers estimables ; et les lettres françaises n’ont jamais cessé d’être cultivées au Canada jusqu’au moment de la belle éclosion littéraire de ces dix ou vingt dernières années[1].

Ainsi le Canada était déjà, quand il fut conquis

  1. Bibaud, p. 16. Voir aussi notre étude sur « la Langue et la Littérature françaises au Canada » dans la Bibliothèque universelle d’août 1883.