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continuait de peser sur eux. Quelques délégués choisis parmi les plus notables d’entr’eux, avaient été envoyés à Londres avec mandat d’adresser des représentations au gouvernement de Londres et d’obtenir tout d’abord le retrait de la mesure qui leur imposait l’usage des lois anglaises. Les Canadiens espéraient trouver parmi les parlementaires anglais des auxiliaires et des défenseurs dans une cause aussi légitime, et, en effet, ils ne restèrent pas tout-à-fait sans alliés. Quelques Anglais éclairés et équitables, — et au premier rang d’entr’eux Thurlow, qui fut plus tard l’un des chanceliers les plus éminents de la couronne d’Angleterre, — montrèrent que le droit des gens, d’accord avec l’intérêt bien entendu de la métropole anglaise, commandait à celle-ci de ne pas inquiéter les Canadiens d’origine française et de leur laisser leurs institutions, leur culte et leurs lois.

Quoique appuyées par une foule d’excellentes raisons, les réclamations des Canadiens n’auraient probablement jamais été accueillies par le gouvernement de Londres, si les premiers grondements de l’orage qui s’amassait du côté des colonies anglo-américaines, à la veille de la guerre de l’Indépendance, n’avaient, mieux que tous les arguments, convaincu l’Angleterre de la nécessité de faire des concessions à l’élément canadien-français.

En 1774, le ministère saisit le Parlement anglais d’un projet de loi, qui donnait satisfaction à quelques-unes des réclamations des Canadiens. Le bill ou acte de Québec, comme l’appellent les annales parlementaires, avait pour principal objet de restituer au Canada l’usage des lois civiles françaises, notamment de la cou-