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HISTOIRE DU CANADA

de la « Nouvelle-France » et des pays circonvoisins. Ce vice-roi ne partit pour ses nouveaux états que plus de dix-huit mois après Cartier ; celui-ci, abandonné pendant ce temps à ses seules ressources et pressé par la disette et par la maladie qui s’était encore une fois déclarée dans son équipage, dut prendre le parti de retourner en France. Comme il tenait la mer, il rencontra près de Terre-Neuve le vice-roi, Roberval, qui amenait enfin trois navires, avec deux cents personnes, et qui voulut décider Cartier à rebrousser chemin ; mais Cartier, mécontent, passa outre et continua de cingler vers Saint-Malo. M. de Roberval cependant s’obstina dans son entreprise, pénétra dans le golfe et dans le fleuve de Saint-Laurent et vint mouiller, sur les traces de Cartier, dans un petit hâvre naturel situé en amont de l’île d’Orléans et qu’il nomma Franceroy[1].

Il s’établit dans cet endroit, y fit élever un fort, une tour et divers bâtiments, bref, tous les commencements d’une capitale. Malheureusement, le scorbut fit encore rage pendant l’hiver et enleva une cinquantaine des « sujets » du vice-roi. Une excursion assez malheureuse, dans le bassin du Saguenay, affaiblit encore le moral de cette première colonie et M. de Roberval n’avait plus guère de confiance dans le succès de son entreprise quand il reçut — et par l’intermédiaire de Cartier lui-même, qui fit à cette occasion son quatrième voyage au Canada, — l’ordre de rentrer en France pour mettre son épée au service de son souverain, engagé dans une nouvelle guerre contre Charles-Quint. Il est facile de

  1. Cartier, l’année précédente, l’avait nommé Charlesbourg-Royal.