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fédération formée contre la Grande-Bretagne. Carroll était spécialement chargé d’assurer aux prêtres canadiens qu’en cas d’alliance avec les États-Unis, leur culte et la propriété des ordres religieux seraient respectés et garantis, et que les catholiques, au lieu d’être simplement tolérés comme en Angleterre, auraient des droits égaux à ceux des protestants.

Il n’est pas douteux, en effet, pour l’historien, que si les Canadiens français avaient été unis à ce moment là, comme l’étaient les Américains eux-mêmes, pour la conquête de leur indépendance politique, ils seraient arrivés, en dépit des troupes qu’y envoya bientôt l’Angleterre, à secouer le joug de la métropole britannique ; mais si profonde était encore la défiance que les « Bostoniens » inspiraient à leurs voisins du Canada, si vives étaient les rancunes contre certaines démarches et paroles imprudentes des représentants des colonies, que les avances les plus caressantes étaient toujours accueillies avec froideur par le gros de la population, tandis que le clergé et les classes influentes, par une crainte vraie ou affectée des idées protestantes et républicaines de leurs voisins, les rejetaient de parti-pris.

Garneau montre bien, ici encore, au point de vue des Canadiens français, le fort et le faible des deux opinions en présence.

« Quelques personnes, dit-il, reprochent aux seigneurs, au clergé et à la bourgeoisie leur détermination plus imprévoyante encore, semble-t-il, qu’intéressée. Elles regrettent que d’injustes préjugés aient pu faire perdre à leurs compatriotes l’occasion d’obtenir leur indépendance et leur liberté sans verser peut-être une