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MM. Bédard, Papineau, Taschereau, Blanchet, etc., étaient arrêtés et jetés en prison. Ce coup d’État embarrassa bientôt son auteur. L’attitude ferme et digne des prisonniers contrastait étrangement avec sa propre attitude à lui, fantasque et brutale. Il finit par les relâcher les uns après les autres, sans leur faire subir de procès.

Craig essaya de mater le clergé catholique, comme il avait voulu faire de l’Assemblée législative, tout en remplaçant ici ses procédés de terreur par des moyens plus habiles et plus insinuants. Il eût voulu amener l’église canadienne à signer avec la couronne d’Angleterre une sorte de Concordat, le gouvernement promettant de reconnaître les titres et les bénéfices de l’évêque et du clergé catholique, si ceux-ci voulaient reconnaître à la couronne le droit qu’avaient autrefois les rois de France de nommer aux cures et aux évêchés. L’attitude soumise et servile de l’évêque Plessis qui avait été jusqu’à lire en chaire les proclamations du despotique gouverneur, avait fait croire à Craig qu’il ferait du prélat ce qu’il voudrait. Mais sur le terrain des intérêts de Rome, l’homme d’église retrouva la rigidité dont il faisait si bon marché sur le terrain de la politique nationale. Il répondit à Craig par un non possumus inflexible. « Si ses prédécesseurs et lui-même, dit-il, s’étaient montrés zélés pour les intérêts de l’Angleterre, au point de s’être mis à dos une partie de leurs compatriotes, c’est que l’Angleterre les avait laissés, depuis la conquête, diriger leur église en toute liberté. La collation, la juridiction et l’institution canonique ou le pouvoir donné aux prêtres de gouverner spirituellement leurs troupeaux, ne pouvaient venir que du pape seul.