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n’aura pas mis à exécution ses projets, qui sont la séparation de ce pays d’avec l’Angleterre, et l’établissement d’un gouvernement sous la forme républicaine. »

Des paroles, les Canadiens français ne tardèrent pas à passer aux actes. Un mandement de Mgr  Lartigue, évêque de Montréal, qui rappelait les principes de l’Église sur les rapports des sujets et des souverains, ne calma guère que ceux des Canadiens qui étaient déjà résolus à ne pas bouger. Les autres — si bons catholiques qu’ils pussent être — passèrent outre.

Le 7 novembre au matin, un groupe de jeunes gens du parti de la réforme, qui s’appelaient eux-mêmes les « fils de la liberté », se rencontrèrent dans la rue Saint-Jacques à Montréal, avec quelques « constitutionnels » ou « loyalists ». Il y eut rixe, coups de pierres et même coups de pistolets, qui heureusement ne tuèrent personne. Une sortie en armes des membres du « loyalists’ club » suffit pour refouler les manifestants, et les soldats du régiment royal, appelés sous les armes, n’eurent qu’à parader dans les rues. Les loyalists lancèrent des pierres contre la maison de M. Papineau et mirent ses fenêtres en pièces. Il envahirent les bureaux d’une feuille « patriote » le Vindicator, brisèrent les presses et jetèrent à la rue le matériel de l’imprimerie ; Montréal fut soumis à une sorte d’état de siège : pendant toute la nuit, des patrouilles armées parcoururent les quartiers de la ville.

À la suite de cette échauffourée, le gouvernement lança des mandats d’arrestation contre les principaux meneurs du parti canadien, notamment contre MM. Papineau, Neilson, O’Callaghan et Morin ; mais ceux-ci