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Les troupes anglaises retournèrent à Montréal après cette affaire ; elles furent, un instant, arrêtées à la Pointe-Olivier par un parti de patriotes qui essayaient de leur couper la route ; mais elles eurent facilement raison de cette résistance et purent venir à Montréal recueillir les lauriers de leur facile triomphe.

Si la victoire de Saint-Denis avait exalté, pour un moment, au plus haut degré l’enthousiasme des « fils de la liberté », le fatal dénouement du combat de Saint-Charles vint les rappeler bien vite à la triste réalité, en leur montrant la disproportion entre les forces de l’insurrection et celles du gouvernement ; l’une, comptant seulement quelques volontaires mal aguerris, presque entièrement dépourvus d’armes et de munitions, l’autre s’appuyant sur des soldats depuis longtemps exercés à la discipline et abondamment pourvus de tout ce qui manquait si complètement aux insurgés. Aussi ne pouvait-il y avoir de doute sur le résultat de cette campagne. Le colonel Gore, qui avait éprouvé l’échec de Saint-Denis, reçut de nouveaux et considérables renforts : deux pièces de canon, cinq compagnies d’infanterie et un escadron de cavalerie. Avec ce corps d’armée le colonel Gore reprit l’offensive contre les insurgés de Saint-Denis ; mais ceux-ci, sentant l’impossibilité de soutenir une lutte si inégale, quittèrent ce bourg et se dispersèrent de divers côtés. Les soldats en arrivant trouvèrent donc le village désert ; tous, hommes, femmes et enfants avaient abandonné leurs demeures et s’étaient réfugiés soit dans les bois, soit dans les paroisses situées de l’autre côté de la rivière. Suivant les instructions qu’ils avaient reçues, les soldats mirent le village au pillage. Ils saccagèrent et incendièrent une