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blique voisine, à un état de choses ou le Canada français n’aurait pas sa complète autonomie.

Mais cette attitude de l’ancien tribun populaire ne correspondait plus à la situation, non plus qu’aux sentiments de la grande majorité de la population d’origine française. Aussi cette voix, qui soulevait autrefois des orages, n’éveillait-elle plus que de rares échos ; presque isolé dans le Parlement, son influence allait aussi diminuant auprès de ses concitoyens. Le temps était à la conciliation, non aux luttes, ni à la discorde.

Une mesure de haute équité, prise par le Parlement sur l’initiative du Cabinet, vint cependant réveiller, un moment, la violence des partis et raviver le feu des haines de race qu’on croyait éteint. On se souvient que les habitants du Bas-Canada avaient vainement réclamé, sous le ministère précédent, leur part des indemnités accordées à leurs voisins du Haut-Canada en réparation des dommages causés par l’insurrection de 1837-1838. Le ministère Lafontaine-Baldwin — qui avait déjà obtenu de la couronne une amnistie générale pour les personnes impliquées dans l’insurrection — voulut panser aussi les blessures matérielles de cette crise et proposa d’affecter 100,000 livres sterling, en vue d’indemniser les victimes innocentes de la guerre civile. Les conservateurs du Haut-Canada poussèrent les hauts cris, et voyant là un moyen de reconquérir l’influence qu’ils avaient perdue dans leur province, ils firent de l’agitation autour de cette mesure et réveillèrent les jalousies et les inimitiés de race encore mal assoupies, en prétendant que le ministère voulait récompenser les « rebelles français » et punir, du même