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sion, une « Esquisse sur le Canada[1] » qui ne contribua pas peu, malgré les fautes de style et de langue dont elle est trop peu exempte, à réveiller en France les sympathies pour le Canada, en faisant connaître à l’ancienne mère-patrie la persistance et la vivacité des sentiments entretenus à son égard par ces rejetons du vieux tronc gallo-franc, transplantés sur les rives du Saint-Laurent, et si prodigieusement multipliés depuis lors. Ces sentiments se manifestèrent à la même époque, d’une façon particulièrement chaleureuse, à l’occasion du stationnement que fit dans les eaux canadiennes une frégate française, la Capricieuse, commandant de Belvèze. « La présence des Français, écrit un auteur canadien[2], fut un véritable événement. Les Canadiens, sans distinction d’origine, accueillirent et fêtèrent, surtout dans les principales villes, avec le plus vif enthousiasme, le premier navire de guerre français venu depuis la conquête ; ils saisirent cette occasion pour témoigner à la France leurs profondes sympathies. Ce n’étaient pas des étrangers qu’ils recevaient, mais des alliés, des frères. Le souvenir de la France, de l’ancienne métropole pour laquelle les Canadiens-Français ont toujours conservé les sentiments les plus sympathiques, se réveilla plus vivace que jamais. Les Français, de leur côté, témoignèrent de leur vive reconnaissance pour le gracieux et bienveillant accueil qu’ils reçurent des Canadiens. La pose solennelle, faite en présence des marins français, d’un monument commémoratif de la deuxième bataille d’Abraham, vint sceller et confirmer encore cette réciprocité de sentiments, avec le

  1. Paris. Hector Bossange et fils, éditeurs, 1855.
  2. L. P. Turcotte, ouvrage cité, T. II, p. 268.