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aux comices populaires le soin d’élire de quatre ans en quatre ans le président de la Puissance, le Canada sera devenu, du jour au lendemain, une République presque en tous points semblable à la République des États-Unis. Supposé maintenant qu’après demain la plus petite des deux Républiques (nous disons la plus petite au point de vue de la population, car au point de vue du territoire toutes deux occuperaient sensiblement la même superficie) veuille s’absorber dans la grande, les provinces de Québec, d’Ontario, de Nouvelle-Écosse, de Nouveau-Brunswick, de Manitoba deviendraient autant d’États qui continueraient, pour toutes les affaires qui sont actuellement du ressort des législatures provinciales, de s’administrer eux-mêmes comme ils l’entendraient et suivant la législation particulière qu’il leur plairait d’adopter. Seulement, pour ce qui regarde les affaires d’intérêt politique général et international, ils enverraient leurs députés à Washington au lieu de les envoyer comme aujourd’hui à Ottawa, et ils concourraient, pour leur part, à l’élection du président des États-Unis au lieu de recevoir de Londres le gouverneur que leur envoie la Couronne britannique.

Gardant leurs droits de citoyens (et personne ne songerait à les en priver) dans le nouvel ordre de choses comme dans l’ancien ; pouvant, grâce au régime fédératif de la grande République, maintenir dans leurs États particuliers une large autonomie (il est probable, si jamais le Canada entre dans l’Union, que la majorité des Canadiens voteront avec « les démocrates », partisans de l’autonomie élargie des États, contre les « républicains » plus portés à « centraliser » et à resserrer le lien fédéral) ; libres, il faut l’espérer du moins, de