Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/513

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qu’est faite l’histoire politique de l’humanité. Les États-Unis peuvent éprouver tour à tour l’une et l’autre. Que de peine le Nord n’a-t-il pas eu déjà à maintenir l’Union contre les « Confédérés » du Sud que des intérêts divergents, — dont la question de l’esclavage n’était qu’une partie, — poussaient à rompre le lien fédéral ! Ce lien, rétabli de nouveau par la force des armes, mais impatiemment supporté par les politiciens du « Solid South » est-il désormais indissoluble ? Il serait difficile de le croire. D’ailleurs ce n’est pas seulement le Sud agricole et planteur qui peut répugner à la domination du Nord manufacturier et commerçant, et entraîner un jour dans sa cause tous les États du bassin du Mississipi ; les États de la côte du Pacifique qui regardent sur l’immense étendue du Grand Océan et sont appelés à rattacher « l’extrême Ouest » à « l’extrême Orient » par le courant du commerce et de la navigation, consentiront-ils toujours à se mouvoir dans l’orbite d’une puissance qui a son centre politique à Washington et sa métropole commerciale à New-York, sur le rivage de l’Atlantique ?…

Ou bien les États-Unis se maintiendront sur la base d’un système fédératif très large, comme le demandent les « démocrates », et dans ce cas le Canada n’aura rien à craindre de leurs entreprises et le relâchement de leur unité garantira son indépendance ; ou bien, comme le demandent certains « républicains », ils tendront à renforcer de plus en plus le nœud de la centralisation au détriment de l’autonomie des divers États, et dans ce cas, ce sera — par suite du conflit des intérêts locaux comprimés — la dislocation possible ou même probable de l’Union en trois ou quatre républiques dont cha-