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commerce indirect, par la voie d’Angleterre, fasse monter ce chiffre à une cinquantaine de millions, ce ne serait jamais que 5% de l’ensemble des importations et des exportations de la Puissance[1]. N’y a-t-il pas quelque chose d’humiliant dans ces chiffres ? Et, en admettant même avec M. de Molinari, que la barrière du système ultra-protectionniste pratiqué par le Canada soit le plus grand obstacle à une reprise sérieuse des relations commerciales entre les deux pays, n’y a-t-il pas à gémir encore de voir la disproportion choquante qui existe entre le chiffre des affaires faites entre la France et le Canada et le chiffre des affaires faites entre le Canada et l’Angleterre, quoique cette dernière ne soit pas moins atteinte que nous par les droits protecteurs que le Canada a établis à sa frontière.

Un vigoureux effort de nos armateurs, de nos commerçants et de nos industriels, serait donc nécessaire pour ouvrir à la France, au moins sur un pied d’égalité avec l’Angleterre, un marché dont on est loin encore de soupçonner toute la valeur. La question vaut la peine qu’on s’y arrête. Les débouchés d’exportation pour notre industrie se sont singulièrement rétrécis dans ces derniers temps, et nos Chambres de commerce ont fait entendre, sur ce point, des doléances significatives. C’est en partie de cette situation qu’est sorti le mouvement d’opinion qui nous pousse, depuis quelque temps, à l’extension de notre territoire colonial. On veut des colonies pour avoir des débouchés. Mais, avant que le Congo, Madagascar, le Tonquin, la Cochinchine ou la Nouvelle-Calédonie soient des colo-

  1. Ibid, p. 249.