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provoquer d’un camp à l’autre, à la façon des Grecs et des Troyens d’Homère, et lorsque le jour fut arrivé, ils s’armèrent et se rangèrent en bataille. Les Iroquois s’avancèrent au petit pas, sous la conduite de trois chefs que distinguaient de grands panaches. Comme ils se préparaient à faire une décharge de leurs flèches, les alliés ouvrent leurs rangs et font place à Champlain. Son habillement et ses armes étonnent d’abord les Iroquois ; mais l’étonnement devient terreur, quand deux chefs Iroquois tombent raides morts, frappés par une arme insolite qui semble avoir dérobé le feu du ciel ; le troisième chef tombe lui-même mortellement blessé. À ce spectacle, les alliés poussent de grands cris de joie, tandis que les Iroquois, épouvantés, prennent la fuite en désordre et se réfugient dans les bois.

Quoiqu’il eût presque à lui tout seul dispersé cette troupe de sauvages, ce n’était pas là une de ces victoires dont Champlain pût s’enorgueillir, car il la devait moins à son courage personnel, qui ne fut d’ailleurs jamais mis en doute, qu’à la supériorité de son armement. Plus tard, quand les Iroquois auront appris des Hollandais l’usage de la poudre et des armes à feu, ils seront moins aisés à vaincre et plus excités par le souvenir de cette première et sanglante défaite.

À l’automne suivant (1609), Champlain retourna en France et vint rendre compte de ses découvertes au roi Henri IV, qui l’accueillit très favorablement et le confirma dans son commandement. Malgré le découragement qui commençait à prendre M. de Mons et ses associés, à qui des intrigues de cour avaient fait perdre une fois de plus le monopole de la traite, Champlain put encore obtenir quelques secours de la compagnie,