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Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/44

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ANIMAUX HISTORIQUES

meurt n’éprouve pas une agonie plus cruelle que la sienne. Dans ses angoisses déchirantes, il sent les ténèbres s’épaissir sur sa vue et se dissiper pour revenir encore ; en vain il essaie de ressaisir la lumière et de réveiller ses sens engourdis ; il est comme un malheureux naufragé sur une frêle planche, que les vagues relèvent et recouvrent tout à la fois en le poussant vers un rivage abandonné. Sa vie ressemble à ces éclairs imaginaires qui luisent soudain pour nos yeux fermés au milieu de la nuit, dans les premiers accés d’une fièvre. Bientôt elle reste comme éteinte ; ses douleurs semblent calmées ; mais il éprouve un malaise confus, plus pénible que la douleur.

» Tout à coup le sentiment lui revient : où est-il ? Il sent l’impression du froid ; mais il est toujours étourdi et dans l’engourdissement ; à chaque pulsation la vie ranime peu à peu ses membres, jusqu’a ce qu’une transe soudaine le jette dans une convulsion nouvelle, et refoule jusqu’a son cœur son sang épais et glacé. Des sons effrayants retentissent à ses oreilles, sa vue revient quoique obscure et comme n’entrevoyant les objets qu’à travers un épais cristal. Il croit entendre le choc des vagues ; il reconnait aussi le ciel parsemé d’étoiles. Ce n’est point un rêve : le cheval traverse un fleuve rapide dont les vagues s’étendent sur un