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Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/43

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LE CHEVAL DE MAZEPPA

Et comme un long serpent resserre et multiplie
Sa morsure et ses nœuds.

» Mais ce n’est pas tout ; voilà les loups qui accourent sur leurs traces. Ils les poursuivent en troupe avec ce pas infatigable qui lasse souvent la rage des chiens et l’ardeur des chasseurs. La nuit descend lugubre ; mais le terrible essaim, loin de se disperser, s’acharne de plus en plus ; le cheval toujours fuit ; son sang coule, sa chair tombe en lambeaux ; mais toujours plus ardent, plus épouvanté, il ne ralentit pas sa course. Enfin le jour commenga à éclairer la forêt, et les loups s’arrêtèrent.

» Enfin ils ont traversé la forét.

» Le soleil est déjà à la moitié de sa course ; mais l’air est froid, quoique l’on soit au mois de juin ; peut-être le sang de Mazeppa s’était glacé dans ses veines. La terre fuit, les cieux roulent autour de lui ; à chaque instant il croit être près de tomber ; hélas ! ses liens sont trop bien serrés. Son cœur défaillit, son cerveau devient la proie d’une douleur cruelle, les veines de son front battent un instant avec violence, et puis cessent de battre ; les cieux tournent comme une roue immense, et les arbres lui semblent vaciller comme des hommes ivres. Un léger éblouissement prive ses yeux de la clarté du jour. Celui qui