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Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/60

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ANECDOTES

Un pauvre Arabe avait pour tout bien une jument magnifique. Le consul de France à Seïde voulut la lui acheter, dans l’intention de l’envoyer à Louis XIV. L’Arabe, quoique pressé par le besoin, hésita longtemps ; enfin il consentit, et en demanda un prix considérable. Le consul, n’osant de son chef donner une si grosse somme, écrivit à Versailles pour en obtenir l’agrément de la cour. Louis XIV donna ordre qu’elle fût comptée. Le consul mande sur-le-champ l’Arabe, qui arrive monté sur sa belle jument, et lui remet l’or qu’il avait demandé. L’Arabe, couvert d’une méchante natte, met pied à terre, regarde l’or ; il jette ensuite les yeux sur sa jument, il soupire, et dit : « À qui vais-je te livrer ? à des Européens qui t’attacheront, qui te battront, qui te rendront malheureuse ; reviens avec moi, ma belle, ma mignonne, sois la joie de mes enfants. » En disant ces mots il s’élance dessus, et reprend le chemin de sa demeure.