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Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/61

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ANECDOTES

Les Arabes partagent leurs coursiers en deux castes bien distinctes, les Kadeskis, ou chevaux de races inconnues, et les Koclanis, ou chevaux dont la généalogie est connue depuis plus de deux mille ans. Les premiers sont méprisés et employés aux travaux communs, les seconds sont exclusivement réservés à servir de chevaux de main. Les récits des voyageurs sont remplis d’anecdotes sur le courage, l’agilité et l’intelligence extraordinaires de ces coursiers du désert. Nous citerons seulement le trait suivant, raconté par M. de Chateaubriand dans l’Itinéraire de Paris à Jérusalem.

« L’histoire d’une jument fait souvent l’entretien du pays. On me raconta les prouesses d’une de ces cavales merveilleuses. Le Bédouin qui la montait, poursuivi par les sbires du gouverneur, s’était précipité avec elle du sommet des montagnes qui dominent Jéricho. La jument était descendue au grand galop, presque sans broncher, laissant les soldats dans l’admiration et l’épouvante de cette fuite. Mais la pauvre gazelle creva en arrivant à Jéricho, et le Bédouin, qui ne voulut point l’abandonner, fut pris pleurant sur le corps de sa compagne. Cette jument a un frère dans le désert ; il est si fameux que les Arabes savent toujours où il a passé, où il est, ce qu’il fait, et comment il se porte. On m’a religieusement